Scène et spectateur au son et lumière de Cléry
Cléry Raconte
Benoît nous raconte...

Le Son et Lumières de Cléry

Spectacle de Cléry, groupe au café
Clery Raconte

Sous les étoiles, le Son et Lumières de Cléry fait revivre les heures douces et amères de l’histoire avec le spectacle « Liberté, les combattants de l’ombre ».

21h02. Arrivée sur le site. « Attention, chaque soir le spectacle est complet », nous avait prévenu notre hôte. La réservation était faite depuis bien longtemps, cependant, impatients et un peu inquiets, nous nous sommes pressés pour arriver en avance, en bons citadins, habitués aux bouchons, aux files d’attentes et au stress de rater le début.

Heureusement, ici, les bénévoles sont partout, prévenants, nous aidant à nous garer, à nous orienter, compréhensifs, avec le sourire.

Spectacle à cléry
Cléry Raconte

 

Pas de panique, nous avons eu le temps de nous installer et même d’échanger quelques mots avec nos voisins. À gauche, des habitants de Cléry-Saint-André : leur petite-fille est figurante, comme leur fils avant elle. À droite, des gens du Pas-de-Calais, de passage à Lailly-en-Val chez leurs enfants, en vacances pour visiter Chambord et les châteaux environnants.

Le soleil finit sa course et s’efface derrière la cîme des arbres. La pénombre envahit l’espace et l’on ne distingue bientôt plus que la silhouette des décors. Il est l’heure, le silence s’installe, un frisson court dans le public, autour de nous.

En un éclair, le spectacle commence, la musique, les lumières, les figurants investissent le plateau, le village prend vie…

Où sommes-nous ? Quelque part entre Orléans et Lamotte-Beuvron. La vie bat son plein, le café est bondé, les Solognots y sont plus nombreux qu’à l’église, paraît-il, à échanger les nouvelles. La guerre couve et les conversations s’enflamment. Puis c’est le conflit, à nouveau. Les Allemands avancent et, bientôt, Paris tombe. La France est occupée et la Loire, toute proche, forme une fragile frontière.

Un vent léger souffle, nous faisant oublier la chaleur de l’été. En haut des gradins, je vois toute la scène, la reconstitution de la place du village et de la grande rue dans laquelle pétaradent les camions et motos militaires. Je devine même les mouvements des figurants qui, habilement, déplacent les décors dans l’obscurité quand, sur l’écran géant, sont projetées les images d’époque. D’un tableau à l’autre, les événements défilent. Tantôt funeste, tantôt légère, la vie du village se déroule devant nous, avec ceux qui profitent, ceux qui pactisent, et ceux qui relèvent la tête.

Son et lumière de Cléry, la libération
Cléry Raconte

Derrière la grande Histoire, les petites. Celles du marché noir et des arrangements avec le Diable. Celles de ces résistants qui cachent des armes, de ceux qui font sauter des lignes de chemins de fer. Celles des menaces et des représailles, celles de ces destins individuels qui se décident en un instant…

Habilement, la mise en scène me renvoie à moi-même. Je me souviens de ces histoires racontées par mes parents avec une pudique économie de parole. Enfant, j’entendais ces phrases qui s’interrompaient sans que je ne comprenne pourquoi. Ces demi-mots. Ces silences qui étouffaient les hurlements des sirènes et le souffle des bombes. Et cette question qui me revient sans cesse : en ces temps troublés, qu’aurais-je fait ? Le saurai-je jamais ?

Retour au spectacle, les mitrailleuses crépitent, l’action bat son plein. À la crainte et à la peur succède l’espoir. Les Américains ont débarqué et partout des foyers de résistants harcèlent et retardent l’ennemi. Les Solognots, solidaires, ont pris leur part, au mépris des dangers et au prix de vies sacrifiées. Après l’assaut final, la liesse de la Libération prend le pas sur le combat de l’ombre.

Absorbé par le spectacle et par l’atmosphère, je n’ai pas vu le temps passer. Au-dessus de nous, les étoiles brillent et emportent avec elles nos émotions. Il me reste ces images des figurants rassemblés dans la lumière des projecteurs. Ils sont des centaines devant nous les bras levés, sous la clameur de nos applaudissements qui ne faiblissent pas. Chacun voudrait que la nuit se prolonge, pour l’Histoire, pour l’éternité.

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