Livre Sologne
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Les écrivains et la Sologne - Partie 1

La Sologne au fil des pages

La Sologne est incontestablement terre d’artistes. Elle en a vu naître, vivre, passer au hasard de l’histoire ou de leurs histoires, installer chez elle œuvres ou récits et ainsi contribuer à son image indéfinissable, instigatrice de curiosité, initiatrice d’envie d’ailleurs et de mystérieux. Parmi ces créateurs, les écrivains sont les plus nombreux et c’est la raison pour laquelle nous commençons par eux en cette période de préparatifs de Noël, si propice à la lecture au coin du feu

Que ces auteurs soient de Sologne ou que la Sologne les ait inspirés, nous vous proposons ici quelques rencontres, sans prétendre nullement à une fastidieuse exhaustivité. Il s’agit aussi de vous inviter à partir, bientôt on l’espère, sur les petites routes de Sologne dans les pas de ces écrivains, à la rencontre des lieux qui les ont vus vivre, eux ou leurs personnages.

Photo Grand Meaulnes
Yseult Carré

Alain Fournier  

Le premier et le plus emblématique des auteurs de Sologne, c’est bien sûr Alain Fournier. Son « Grand Meaulnes » évoque la Sologne d’un bout à l’autre de la planète. Publié en 1913, il a contribué à l’image poétique, brumeuse, onirique, à l’esthétique romantique intemporelle de la Sologne.

En lisant Le Grand Meaulnes, vous suivrez François Seurel, Augustin Meaulnes, Yvonne et Frantz de Galais, de forêts en domaines mystérieux, de fête étrange en promenade en barque, de premier amour en quête éperdue. 

Le Grand Meaulnes, œuvre littéraire française la plus traduite et lue dans le monde juste après Le Petit Prince, a récemment été édité dans la Bibliothèque de la Pléiade.

Et si vous en écoutiez des extraits, bien installé chez vous en regardant le feu ou même la neige tomber ? En 5 feuilletons sur France Culture avec Pierre-François Garel. 
Pour les écouter, c'est pas ici. 

Dans les pas d’Alain Fournier en Sologne :

  • Nançay
  • La Chapelle d’Angillon
 
Photo ancienne Maison du braconnage
Jean Daniel Sudres / Aurimages - AFP

Maurice Genevoix 

Maurice Genevoix est surtout connu du grand public pour son roman ô combien solognot Raboliot, prix Goncourt 1925. Vous y côtoierez un braconnier de Sologne qui a opté pour la liberté.  Maurice Genevoix explique le choix du personnage et de la fonction :  « Ainsi, à peine éveillé mon désir de romancier, j'éprouvai le sentiment impérieux que pour ne point trahir mon dessein, pour évoquer véritablement la Sologne dans son être, dans son âme, Il me fallait de toute nécessité camper au premier plan de mon futur roman un Solognot qui fût en vérité l'homme et le fils de ce terroir, autrement dit un chasseur […] instinctif, libre, insoucieux des contraintes sociales, des lois ; […] un braconnier » 

(extrait : Aurélie Luneau et Jacques Tassin - Maurice Genevoix Suivi de Notes des temps humiliés)

 « Genevoix est un conteur magnifique au vocable fin. » Le vivifiant article de Jean-Acier Danès à propos de Raboliot achèvera de vous convaincre de le lire, relire ou de l’offrir bientôt :

« Ce n’est pas une émotion de lecture si différente de celle des récits de Victor Hugo, que je retrouve en lisant à nouveau ce roman. Il y a un timbre, une allure de la « noirté du noir » et d’ailleurs une expression du peuple qui rappelle Les Misérables. […] Mais […] il s’agit moins d’un conte populaire urbain que de l’expression de la campagne en 1925, avec une langue maîtrisée jusqu’aux abysses de l’idiome, du dialecte, jusqu’aux boiseries du dictionnaire.

L’imaginaire que Maurice Genevoix condense est plein de scènes marquantes […] Et c’est tout un pays qui se réveille en me montrant que j’assiste à la renaissance de quelque chose que finalement, je vis aussi. J’admire alors ce Raboliot, bien qu’il soit animé par un instinct meurtrier, parce que c’est un homme entier. J’admire ce roman, non pas avec la nostalgie du taxidermiste Touraille mais plutôt comme une toile murale où les huiles, quoiqu’un peu craquelées, n’amenuisent en rien le courage et la précision des âmes que traite la fresque. »

Feuilletez "Raboliot" de Maurice Genevoix avec les oreilles et avec France culture

Mais Genevoix à lire à Noël c’est aussi La Dernière Harde où ce chantre de la beauté animale vous fera vibrer pour « le Rouge »  un magnifique cerf ou encore vous évader dans La forêt perdue.

On reste encore un peu en Sologne avec Maurice Genevoix : « Pendant ma longue appartenance à ma province, au Val de Loire, à la forêt orléanaise, aux étangs et aux brandes de Sologne, c’est la légende qui m’a tenté, sa poésie intemporelle dans un monde où les signes ne répondent qu’à la patience de la quête et à la ferveur de l’appel »
Maurice Genevoix - Trente mille jours

Dans les pas de Maurice Genevoix en Sologne : 

 
Photo récit fantastiques Seignolle
Yseult Carré

Claude Seignolle 

« Vous voulez frissonner ? Lisez Seignolle : avec lui, marcher dans les ténèbres a quelque chose d'ensorcelant. » Jean-Baptiste Baronian

C’est en Sologne à Presly, où il trouve refuge pendant la Seconde Guerre mondiale, que prend naissance l’œuvre immense de Seignolle.  À la Libération, il réside à Sainte-Montaine où l’Auberge du cheval blanc (privé) garde sa trace gravée sur le chambranle d’une porte : « Ici dans cette chambre, j’ai écrit Marie la Louve. »

« Sologne, fin du XIXe siècle. Belle, aimée des siens, Marie est un de ces êtres qui ensoleillent l'existence. Elle a, dit-on, le "pouvoir" de guérir les morsures de loup... L'avenir lui sourit. Elle va célébrer la Saint-Jean avec celui qu'elle aime. Mais lors de cette longue nuit de liesse où les passions et les rancoeurs s'exacerbent, l'existence de la jeune fille bascule... Nourrie de mensonges malveillants, la rumeur, que les vents d'hiver semblaient avoir enfoui dans les eaux dormantes des marécages, se réveille, s'embrase et colporte que Marie est l'incarnation du Mal...
Ce drame poétique narré avec talent séduit et effraie, la bassesse humaine s'y révélant plus redoutable que les forces occultes. »

« Lawrence Durrell, qui révéla hors de chez nous l'œuvre de Claude Seignolle, n'hésitait pas à voir en lui le plus grand conteur fantastique de notre siècle. Opinion partagée par Cendrars, Mac Orlan, Hubert Juin et quelques autres.
La Malvenue, peut-être le chef-d’œuvre de l'art signollesque, nous transporte dans la Sologne d'il y a cent ans, à une époque où la nuit savait faire peur et où les choses de l'amour traînaient encore après elles un arrière-parfum de sorcellerie. Un roman bien fait pour empêcher le lecteur de dormir, travaillé au corps par une trouble sensualité, qui nous convie à approcher sans précaution ce mystère moins simple qu'il n'y paraît (le seul peut-être : la peur du noir.) »

 
Loup en forêt
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« Claude Seignolle a longuement exploré la mémoire paysanne de la Sologne, ce « pays de sable gris, d'étangs lourds et de bois fringants ». Mode de vie et alimentation, naissance, mariage, mort, fêtes traditionnelles, remèdes de bonne femme, sorcellerie, légendes sont autant d'aspects qu'il a cueillis, classés et conservés dans cet essai ethnographique précieux. Ces croyances et rituels, liés à des siècles de vie rurale, étaient encore vivants lorsqu'il les collectait, en digne fils spirituel du grand folkloriste Arnold Van Gennep. […] Traditions paysannes de Sologne n'est pas seulement un ouvrage ethnographique, c'est aussi l'une des clefs de l'oeuvre romanesque de Claude Seignolle, les racines brutes et les sources rustiques qui ont fait son inspiration esthétique. »

Et bien d’autres encore… 

Dans les pas de Claude Seignolle en Sologne : 

 
Tasse de thé
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D'autres écrivains solognots, ou inspirés par notre belle Sologne, vous serons présentés dans d'autres articles.

Tous les ouvrages évoqués ici sont disponibles à la commande chez votre libraire à l’exception de certains, malheureusement épuisés, que vous pourrez trouver d’occasion chez votre bouquiniste. Si vous n’avez pas la chance d’en avoir un près de chez vous, il existe des sites web de vente en ligne qui vous mettent en relation avec des bouquinistes professionnels. La chasse au trésor peut alors commencer !

Il ne nous reste plus qu’à vous souhaiter de livresques emplettes. Et une fois installé bien au chaud au coin du feu qui crépite, le thé fumant dans les tasses, il ne vous restera plus qu’à tourner les pages… 

Bienvenue en Sologne !

 
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